• L'éreutophobie, vous connaissez ? non ! Votre réponse n'est pas étonnante car cette maladie assez "confidentielle" est peu médiatisée. Cependant elle est fréquente. Souvent minimisée ou négligée elle est parfois très invalidante. Aujourd'hui, des traitements efficaces existent et l'on ne devrait plus constater cette errance de patients en quête de solution.

    Présentation :

    Ereutophobie : Mot à consonance étrange, venu du grec signifiant peur de rougir. (il vaudrait mieux dire érythrophobie). Mais peur de rougir de quoi ? de tout, pour rien. Pour un sentiment non exprimé, pour émotion, lors d'une situation embarrassante, vos joues deviennent en feu, les oreilles cramoisies. Couvert de honte, vous n'avez qu'une hâte, celle de rentrer dix mètres sous terre et surtout se cacher, se terrer véritablement. Se soustraitre aux regards devient un urgence presque vitale. Comme c'est impossible vous faites bonne figure, espérant que l'accès sera bref. Et pourtant pour comble de malheur, cet accès de rougeur du visage et parfois du tronc ne cesse pas, devient plus intense, se prolonge et parfois s'accentue jusqu'à durer des heures interminables gâchant parfois la journée entière. Dix, vingt, trente fois par jour et parfois plus de nombreuses personnes subissent ce calvaire, jusqu'à en être terrées au fond de leur appartement, ne souhaitant même plus en sortir. De très nombreux témoignages font ressortir le paradoxe cruel de cette situation : alors que l'on est par ailleurs parfaitement normal, on fuit lecontact, on se replie sur soi, on pert le goût à la vie. Souvent viennent des idées de suicide et malheureusement parfois des suicides.
    Bien sûr il s'agit ici de formes majeures de cette maladie. Qui n'a pas eu dans son entourage une jeune fille ou un jeune homme qui avait vite le rose aux joues, réaction souvent jugée "charmante" par l'entourage. Cependant il faut faire très attention à la bénignité supposée de cette situation car elle est très mal vécue par l'intéressé (e). D'autant que beaucoup "innocemment" s'amusent de ce trouble, effet facile en public, auto-entretenu, ce qui humilie encore plus la victime qui se sent à juste titre persécutée.

    Qu'en est il réellement, qui est atteint ? Pourquoi ? Quelles sont les conséquences de cette maladie, quels en sont les traitements? 
    L'éreutophobie touche à des degrés divers de 1 à 13 % de la population générale. Elle débute en général à l'adolescence, parfois dans l'enfance,  pour diminuer légèrement à l'âge adulte. On observe une légère prédominance féminine. Dans plus de 60% des cas un autre membre de la famille est également atteint.

    Il faut distinguer l'éreutophobie primaire, qui n'est la conséquence d'aucune autre maladie et l'éreutophobie secondaire à une autre maladie. Parmi les principales maladies susceptibles de donner des symptômes ressemblant à l'éreutophobie, citons l'hyperthyroïdie ("emballement" anormal de la thyroïde), le phéochromocytome (tumeur souvent logée dans la glande surrénale et qui sécrète de l'adrénaline et crée une hypertension en même temps que la sensation de chaleur et la rougeur du visage).
    Chez l'asiatique, un défaut génétique de production d'une enzyme dégradant l'alcool provoque parfois un rougissement intense du visage lors de l'ingestion de boissons alcoolisées. Cette réaction nommée effet Antabuse peut être provoquée par des médicaments (Disulfirame par exemple).

    Il appartiendra au médecin consulté d'éliminer toute maladie (ou tout produit) qui pourrait être cause du rougissement anormal.

    Origine de la maladie :
    Peu de travaux fondamentaux sur le sujet apportent un éclaircissement satisfaisant sur l'origine de cette maladie. Physiologiquement, le "rose aux joues" est un caractère sexuel secondaire, véritable signal adressé à l'autre lorsque celui ci ne vous laisse pas indifférent. Normalement, lorsqu'il est adapté, ce signal est rare, de durée très limitée et d'intensité modérée. Suffisamment explicite pour extérioriser un trouble que justement vous n'arrivez pas à exprimer, il n'est pas très gênant, même si parfois il vous perturbe car il met en évidence une réaction inconsciente (souvent associé à d'autres réactions internes non visibles : accélération du rythme cardiaque.. sécheresse de la bouche, jambes flageolantes, mémoire en berne, etc.).
    Les signaux colorés sont fréquents dans le règne animal : beaucoup d'organes (plumes, ergots, organes génitaux...) peuvent changer de couleur pour signaler à l'autre un intérêt certain, voire même que l'animal est prêt à la reproduction ou à l'accouplement.
    Ces signaux peuvent être, à l'inverse destinés à effrayer l'adversaire, à le sidérer, permettant ainsi soit d'avoir un avantage en début de combat, soit donner un temps de sidération mis à profit pour la fuite. Il est intéressant de remarquer que ces accès de rougeur, ou flushs, s'accompagent fréquement d'accès de sudation dont la signification semble obscure.

    Chez l'homme, le signal coloré est sous la dépendance de deux systèmes nerveux dits "autonomes" (dont le contrôle n'est pas conscient) qui se contre balancent mutuellement créant ainsi un équilibre dynamique permanent : le système sympathique et le système parasympathique. Ils sont eux mêmes contrôlés par le cerveau "inconscient".

    Entre cerveau "conscient" et cerveau "inconscient" des communications existent expliquant ainsi la réactivité du corps à l'émotion.

    Dans le cas de l'éreutophobie, un déséquilibre se produit ayant pour conséquence une hyperactivité du système sympathique. Nous ne connaissons pas l'origine précise du désordre. Quelques travaux parlent d'un déficit en neurotransmetteurs (sérotonine) situés dans une zone spécifique du cerveau. D'autres parlent d'un emballement asymétrique des deux systèmes sympathique et parasympathique avec déficit de compensation du système parasympathique.

    Il est parfaitement possible de penser qu'il existe un dysfonctionnement (peut être plus ou moins génétiquement contrôlée) de la commande inconsciente du rougissement, qui est devenue tellement sensible qu'elle est en permanence emballée et mal contre balancée par un parasympathique aux limites de ses possibilités qui ne peut plus répondre. La moindre stimulation déséquilibre ce système instable et engendre une réponse explosive un peu comme un amplificateur sujet à l'effet de Larsen.

    Les mécanismes d'entrée dans la maladie (début souvent brusque, assez stéréotypé),  suite à une situation  gènante ou un traumatisme psychologique fait penser au "démarrage" d'un processus cérébral qui perdurera. S'agit il de la réactivation chez des personnes prédisposées génétiquement d'un  mécanisme enfoui dans notre cerveau "primaire", résurgence léguée par nos ancètres lointains et dont la fonction initiale est perdue ? 

    Quoiqu'il en soit le résultat est l'ouverture trop fréquente et trop intense des shunts physiologiques existant entre artérioles et veinules de la face et du tronc, créant à un afflux de sang et aboutissant à la sensation de chaleur et au rougissement.

    Entrée dans la maladie.
    Cette maladie est complexe et il en existe plusieurs présentations :
    On retrouve souvent à l'interrogatoire un début brusque, dans l'adolescence avec quelquefois un traumatisme psychologique sévère associé.

    Il est intéressant de faire un parallèle, pour ces cas à facteur psychologue déclenchant net, avec les alopécies (perte de cheveux) par traumatisme psychologique quoique je n'ai pas encore vu les deux cas associés (pour ceux qui auraient ces deux pathologies merci de me le signaler - Nb depuis l'écriture de ces lignes 2 cas rencontrés actuellement)

    Très souvent il n'y a aucun facteur déclenchant et il existe  même des forme infantiles (début dans la petite enfance).

    Le facteur familial est certain et est perceptible parfois sur plusieurs générations souvent sans que l'on puisse incriminer une éducation commune (cas de cousins ou de parents éloignés).

    Facteurs déclenchants :
    Multiples et variés : situation inhabituelle, situations de commandement, petit retard au travail, réflexion d'un collègue, regard des autres, incident au cours d'une conversation, réflexion d'un supérieur, arrivée du mari qui rentre du travail. N'importe quelle situation peut être à l'origine de l'accès.
    Fréquemment aucun facteur déclenchant n'est mis en évidence, les crises survenant spontanément, sans horaire, et parfois sur un rythme effréné. L'alcool, un climat chaud (boite de nuit), une situation pour les autres de "détente" (bals, repas de famille) ou d'intimité sont des facteurs favorisants.

    L'évolution de la maladie est variable : 
    En règle générale on note une petite amélioration à la fin de l'adolescence et à l'âge adulte. Il n'y pas de régression vraie, mais plutôt une acceptation de l'éreutophobie et une installation dans les situations d'évitement qui se fait au rythme de l'entrée dans la vie et de l'assise prise ainsi progressivement.  Non traitée cette maladie ne guérit généralement pas.

    Associations :
    Très fréquemment cette éreutophobie s'associe à une hyperhidrose palmaire, axillaire ou faciale. Lorsque les deux pathologies coexistent, les patients sont plus enclins à se plaindre de l'éreutophobie, que de l'hyperhidrose qui reste souvent au second plan bien que souvent très développée.

    Le retentissement de la maladie est très variable : 
    Il n'y a pas de statistiques précises permettant de connaître le nombre et la répartition précise des différentes formes de la maladie.
    Sur le plan psychologique, le retentissement peut être quasi nul chez certains patient, même très atteints par des accès de rougeur intenses et fréquents car ils ont réussi à se forger des défenses psychologiques suffisantes (ou créer un clivage) pour négliger (souvent en apparence) les conséquences de la maladie.

    Souvent mineur, le retentissement est parfois considérable et destructeur menant a des dépressions profondes et prolongées, des conduites d'alcoolisme majeur, de toxicomanie, conduisant même parfois au suicide.

    Quasi constamment s'installe une "timidité" induite par la maladie : les patients n'osent plus aller vers les autres, se réfugient dans les coins sombres ne prennent plus la parole en public.

    Très souvent cette pudeur à dévoiler son trouble fait que le patient n' en a jamais parlé à son entourage (parents, amis, conjoint) ce qui entraîne des situations d'incompréhension familiale graves pouvant aller jusqu'au divorce ou à la séparation sans même que le conjoint soit au courant de la cause profonde du divorce.

    La crainte de sortir et d'être remarqué amène assez souvent à une vie recluse (sorties minimums, voire plus de sortie du tout, travail non exposé etc...).

    La crainte d'être interrogé en cours devient obsédante, jusqu'à provoquer l'absentéisme scolaire, puis l'échec scolaire ou universitaire, les réorientations douloureuses d'études, voire même l'abandon pur et simple des études.  Nombreux sont les patients qui ne suivent plus leurs cours que par correspondance, demandent des situations d'examen particulières (dans le noir à l'oral!).

    Faisant écho à ces observations, plusieurs études concluent à un sous emploi professionnel des personnes atteintes, qui évitent ainsi les situations exposées.
    Il est  fréquent de voir un étudiant abandonner des études brillantes ou se dévaluer volontairement lors d'examens.

    Les cas de professionnels qualifiées refusant, à cause de la maladie, une promotion ou même un métier pour lesquels il sont par ailleurs parfaitement aptes et qualifiés sont également extêmement fréquents.

    Il  en découle chez l'éreutophobe âgé non traité, le sentiment d'avoir gâché une bonne partie de son existance, d'être passé à côté de sa vie.

    Assez fréquemment, on rencontre des patients qui trouvent dans l'alcool ou le canabis un moyen de contrer cette éreutophobie, avec les dégats potentiels que l'on imagine.


    Sur le plan physique, avec le temps, les capillaires du visage trop sollicités très souvent de manière trop intense se dilatent et apparaît une couperose en général accessible au traitement par laser.

    http://www.geocities.com/fearofblushing/versionfr.htm


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  • w

    Et voilà nos chérubins bientôt de retour sur les ondes bresto-brestoises ! avec certainement de nouvelles têtes , quelques départs et de nombreuses nouveautés : http://radiou.free.fr/page.php

    (on se calme les mecs !!! le butting cé pas pour tout de suite à radio-u ; question de générations surement ...)


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